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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

11 octobre 2016

Alstom, les investisseurs ont eux aussi une responsabilité !

L'annonce par la direction d'Alstom de la fermeture du site historique à Belfort a créé un mélodrame dont les français sont friands, ce qui a amené l'État français à proposer un plan de 500 millions d'euros pour éviter la fermeture du site, et ce alors qu'il était proposé par l'entreprise de reprendre les salariés à 200 km de Belfort. Ce psychodrame à la française montre bien les limites de la gouvernance de nos entreprises aujourd'hui.

Difficile d'imaginer qu'Alstom recentré sur le ferroviaire peut être pérenne seul alors même que de nombreux concurrents existent sur ses principaux marchés, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou en Asie. Les conseils en stratégie, banquiers d'affaires et investisseurs qui ont cru à un tel scénario ont, volontairement ou pas, créé une entreprise très dépendante de la commande publique, de cycles spécifiques à cette industrie, à ce secteur.

Difficile de comprendre comment les dirigeants d'Asltom aient pu annoncer la fermeture d'un site et le reclassement de ses employés à 200 km dans l'usine de Reischoffen sans que ne soit proposé, comme d'autres entreprises le font aujourd'hui, un plan de reconversion ou de formation avec le rachat des logements, pour favoriser l'insertion dans cette nouvelle ville.

Difficile de croire que les dirigeants d'Alstom ne se soient pas rapprochés du gouvernement, comme bien d'autres dirigeants le font aujourd'hui, pour préparer et anticiper la fermeture du site de Belfort, le premier ministre s'étonnant lui-même de l'avoir appris par les medias...

Difficile de comprendre comment l'État peut investir 500 millions d'euros pour « sauver » 450 emplois à Belfort, d'autant que les 50 000 chômeurs supplémentaires dénombrés cet été n'auront eux aucun droit spécifique et recevront des propositions de formation inadaptées à la demande actuelle des entreprises.

Difficile de comprendre l'attitude de certains syndicalistes qui refusent toute évolution géographique ou reconversion pour « protéger les salariés », sans prendre en compte la réalité économique, et acceptent d'être de fait le protagoniste d'une décision gouvernementale inique pour tous les chômeurs qui n'arrivent pas à trouver un travail.

Dans cet affaire tout le monde est coupable de ne pas essayer de travailler ensemble pour trouver des solutions acceptables par toutes les parties. Et vous serez peut-être un peu étonnés, mais les investisseurs sont eux aussi responsables... Comment les entreprises industrielles pourraient-elles assurer à leurs investisseurs des retours sur investissement élevés dans une période où l'inflation est faible et où la compétition acerbe (trop de capacité de production) oblige ces mêmes entreprises à de profondes restructurations pour survivre ?

Notre monde est en profonde évolution, liée à l'émergence de concurrents industriels dans les pays émergents, à la robotisation qui s'accélère, à « l'uberisation » des pratiques des entreprises par le développement des plateformes digitales et l'arrivée des imprimantes 3D qui vont révolutionner la fabrication de nombreux objets. Nos entreprises ne pourront survivre à ces changements sans le soutien de leurs actionnaires, qui doivent comprendre les enjeux et accepter que leur rendement soit plus faible voire négatif à court terme pour préparer l'avenir. Cela demande de la pédagogie de la part de nos dirigeants et administrateurs, mais aussi un changement culturel chez les investisseurs et gérants d'actifs. Y sommes-nous prêts ?



Olivier de Guerre
Phitrust