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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

31 décembre 2015

Quelle gouvernance pour les banques de la Zone Euro ?

La question de la gouvernance des banques en zone Euro redevient un sujet concret alors même que la Grande Bretagne met en place une certaine séparation des métiers bancaires et que l'Europe instaure depuis le 1 Janvier 2016 un montant maximum de garantie pour les déposants sur les comptes à vue de 100 K € en cas de faillite d'un établissement bancaire.

La question se pose avec d'autant plus d'acuité que certaines banques italiennes n'ont pas hésité à se mettre en faillite en décembre 2015 pour protéger leurs déposants d'un risque où ils ne pourraient récupérer leurs dépôts à vue... événement d'ailleurs passé quasiment inaperçu en cette fin d'année mouvementée.

Cette question est d'autant plus sensible que toutes les banques européennes ne ségrégent pas (séparent) les actifs qu'elles détiennent pour le compte de leurs clients des actifs de la banque. La France est un des rares pays dans lequel les actifs détenus par les clients des banques (OPCVM, titres vifs...) sont la propriété des clients et non dans celle des banques où ces actifs sont déposés. Lors de la crise de 2008 par exemple, des OPCVM déposés chez Lehman Brothers Londres ont disparu avec la faillite de la banque, alors qu'un tel scénario n'aurait pas été possible en France.

Cette question est d'autant plus importante que les clients des banques connaissent rarement les bilans des banques dans lesquelles ils déposent leurs avoirs, et encore moins les hors bilans... qu'ils font confiance aux autorités bancaires et aux régulateurs qui ont un rôle de supervision sur ces mêmes banques. Le paradoxe tient au fait que si une banque fait faillite ces mêmes autorités de tutelle n'auront alors pas identifié préalablement les problèmes et que l'on demande dorénavant aux clients de savoir identifier si une banque est « en risque » ou pas...

Il n'y a eu que de très faibles réactions à cette évolution fondamentale du rapport entre les clients et les banquiers. Alors même que cette nouvelle relation est très étonnante sur un plan juridique. Connaissez-vous d'autres secteurs « grand public » où il est défini que si une entreprise fait faillite, ses clients sont de fait co-responsables de la faillite et devront participer au renflouement de la dite entreprise ? Alors même qu'un de nos constructeurs automobiles était proche de la faillite, il n'a jamais été question que les clients ayant acheté une automobile doivent la revendre pour renflouer le dit constructeur...  Dans les compagnies d'assurance où est détenu un contrat d'assurance vie investi dans l'actif général, il serait possible de tout perdre si la compagnie d'assurance est en faillite.

Compte tenu de ce changement de réglementation, il semble que la séparation des métiers au sein des banques universelles doive s'imposer. Car autant il est possible de demander à un client d'une banque de détail de comprendre les risques liés à ce métier de banque en détail, autant il paraît difficile à ce client de comprendre les risques associés à une banque de trading, à une banque d'affaires, voire à des financements de moyen ou long terme ou de l'immobilier...

Il sera probablement rétorqué que même les banques de détail sont aussi en risque de crédit avec les clients auxquels elles prêtent, et que la séparation des banques aura un effet négatif de renchérissement du coût du crédit, ces banques de détail ne pouvant profiter de la rentabilité très supérieure et de la diversité des autres métiers  qui augmentent de facto leur rentabilité propre. Mais sommes nous capables de quantifier aujourd'hui le risque de hors bilan de nos banques multi-métiers ? Pourraient-elles avoir de tels engagements hors bilan et donc de telles marges sur leurs opérations si elles ne disposaient pas du bilan des banques de détail ?

Nous formons le vœu qu'en 2016 le système bancaire prendra conscience de l'obligation née de ce changement de paradigme de séparer les métiers pour ne pas mettre en risque les clients qui leur font confiance, et que ces évolutions seront source d'opportunité et de changement pour tous les acteurs du marché.

Tous nos meilleurs vœux pour cette année 2016.


Olivier de Guerre

PhiTrust