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30 juin 2015

ALSTOM : Y a-t-il un responsable ?

L'Assemblée générale d'Alstom fin Juin a permis d'aborder tous les sujets sensibles concernant la société et ses pratiques depuis plus de dix ans et plus précisément pendant la période où Patrick Kron l'a dirigée. L'Association Sherpa a notamment publié un long rapport détaillé reprenant les griefs de la justice américaine sur des faits de corruption avérés, la société Alstom ayant plaidé coupable et devant payer une amende de 772 millions de US dollars.

Même si cette décision de la justice américaine peut paraître « télécommandée » comme cela a pu paraître pour BNP PARIBAS, il est clair que les faits de corruption qui lui sont reprochés ont existé et jettent le trouble sur les méthodes utilisées par Alstom (mais aussi par de nombreuses sociétés...) pour gagner des contrats dans leur pays ou à l'export. Il y a huit ans, plusieurs investisseurs anglo-saxons avaient déjà exprimé leur inquiétude à la direction générale d'Alstom sur des faits concernant le Soudan, mais sans succès à l'époque...

Lors de l'Assemblée Générale, Patrick Kron a indiqué qu'il avait une obligation de réserve compte tenu des accords passés avec la justice américaine, ce qui expliquerait qu'il ne peut publiquement se défendre... Mais la question, la seule question qui ressort de ces enquêtes et de cette condamnation est simplement : qui est responsable ?

Dans d'autres cultures notamment asiatique, le chef prend acte des accusations et démissionne prenant sur lui la responsabilité de l'échec. En France, le chef démissionne rarement et Patrick Kron a indiqué qu'il ne comptait pas démissionner pour ce fait ni renoncer à ses primes de départ.

Mais alors qui est responsable ? Les salariés qui ont été mis en prison aux USA, les dirigeants, les administrateurs ? Dans le cas d'Alstom (comme dans beaucoup d'autre cas), personne ! Notre propos bien entendu ne vise pas l'homme lui même, Patrick Kron ayant certainement des valeurs et une éthique qu'il a essayé de mettre progressivement en place chez Alstom. Mais elle interpelle le dirigeant, celui qui est le Chef qui, devrait endosser jusqu'au bout sa responsabilité de dirigeant et démissionner pour permettre à l'organisation de continuer dans un cadre différent.

Ces affaires de corruption ont très certainement déstabilisé la direction générale et le Conseil d'administration, pouvant s’amener à s'interroger sur la pertinence de la cession de 75% de l'activité à General Electric et à la configuration du nouvel Alstom uniquement ferroviaire sur un segment où il y a de nombreux concurrents et peu de commandes en Europe.

A l'heure où nous nous interrogeons sur les acquisitions de nos plus beaux fleurons par des entreprises étrangères, les erreurs stratégiques et les fautes de gestion sont des indicateurs avancés de mauvaise santé d'une entreprise et cette dernière, ses salariés et ses actionnaires en paieront un jour le prix.


Nous avons demandé à M. Patrick Kron d'assumer ses responsabilités en refusant ses indemnités de départ. Il ne l'a pas fait et il a accepté d'être renommé administrateur du nouvel Alstom. C'est bien dommage car il ternit un peu plus l'image du dirigeant d'entreprise auprès des salariés, des actionnaires et des français qui ne comprennent pas que le dirigeant, quant il a failli, ne se sente pas responsable.

Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors

ALSTOM: Is there anyone responsible?

Alstom's general meeting at the end of June addressed all sensitive subjects concerning the company and its practices over more than ten years, and more precisely, during the period when Patrick Kron managed it. The Sherpa Association published a long and detailed report repeating the grievances of the American courts concerning recognised cases of corruption, Alstom having pleaded guilty and been fined $772 million.

Even though this decision by the American courts may appear "remote-controlled", as it may have appeared for BNP PARIBAS, it is clear that the acts of corruption of which it is accused did exist and are stirring up trouble concerning the methods used by Alstom (as well as numerous companies…) to win contracts in their countries or for export. Eight years ago, several investors from English-speaking countries already expressed their concerns to Alstom's general management about events concerning Sudan, but unsuccessfully at the time…

During the General Meeting, Patrick Kron stated that he had an obligation for discretion, given the agreements made with the American courts, which would explain why he cannot publicly defend himself… But the question, the only question, which arises from these investigations and this conviction is simply: who is responsible?

In other cultures, particularly Asian, the boss duly notes the accusations and resigns, taking responsibility for the failure. In France, the boss rarely resigns and Patrick Kron has said that he does not intend to resign for this event or waive his severance bonuses.

But who is responsible? The employees who were imprisoned in the USA, the senior managers, the directors? In the case of Alstom (as in many other cases), no one! Of course, our position does not target the man himself, as Patrick Kron must have values and an ethic that he has tried to gradually put in place at Alstom. But it does call upon the manager, the person who is the boss, to fully accept his responsibility as manager and resign to allow the organisation to continue within a different framework.

These cases of corruption have certainly destabilised the general management and the Board of Directors, which may come to reflect on the appropriateness of selling 75% of the business to General Electric and the configuration of the new railway-only Alstom, in a segment where there are numerous competitors and few orders in Europe.

At a time when we are wondering about the acquisitions of our finest industrial assets by foreign companies, strategic errors and management faults are advance indicators of the poor health of a company, and the company, its employees and its shareholders will one day pay the price.

We have requested Mr Patrick Kron assume his responsibilities by refusing his severance payment. He did not do so and he agreed to be reappointed as a director of the new Alstom. It is a great pity because it tarnishes the image of the company manager a little more amongst employees, shareholders and the French, who do not understand why the manager, when he has failed, does not feel responsible.

Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors