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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

30 avril 2015

Le droit de vote simple est-il un obstacle à la stratégie long terme d'une société ?

L'objectif de la Loi Florange en généralisant le droit de vote double à toutes les sociétés françaises cotées était de favoriser l'actionnariat à long terme, principe auquel nous sommes attachés comme la plupart des investisseurs institutionnels. L'Etat l'a mis en place en ne cachant pas qu'il souhaitait se désengager de certaines sociétés tout en gardant le même poids en assemblée générale. Mais cette proposition qui paraît à première vue une « bonne » idée se retrouve en réalité une « mauvaise » du fait de son application à toutes les sociétés cotées.

Un seul exemple éclaire l'inadéquation de la solution proposée (la généralisation des droits de vote double) pour pallier au « court-termisme » des actionnaires : les deux principaux actionnaires de la société Lafarge détiennent 47% des droits de vote de la société Lafarge grâce à leurs droits de vote double... et, en s'engageant à apporter leurs titres à la société Holcim, ils ont de fait obligé le management de Lafarge à accepter la prise de contrôle par Holcim suite aux négociations menées en 2014 et en 2015... Il y a fort à parier que cette opération ne pourrait se réaliser dans les conditions demandées en 2015 par Holcim (plus de fusions entre « égaux » et un CEO qui ne sera pas Bruno Lafont) si ces deux actionnaires n'avaient pas disposé de droits de vote double...

Car le droit de vote double est d'abord et avant tout un instrument de contrôle et permet à un petit groupe d'actionnaires de disposer des votes nécessaires pour être majoritaire en assemblée générale ou disposer d'un poids suffisant pour faire échouer toute opération qui ne leur conviendrait pas.

A cet égard, la montée en puissance rapide de Vincent Bolloré, Président de la société Vivendi, qui a aujourd'hui près de 12% du capital de la société lui permettra, compte tenu du rejet par 49% des actionnaires de la résolution que nous avions proposé pour rétablir les droits de vote simple (comme le législateur le permet...), de disposer de près d'un tiers des voix en assemblée générale compte tenu du quorum habituel chez Vivendi. Il pourra de fait contrôler Vivendi sans lancer d'OPA et sans en payer le prix en devenant au minimum majoritaire.

Le plus étonnant dans les échanges privés ou publics que nous mêmes ou les investisseurs ont eu avec la société Vivendi est la volonté par les dirigeants de la société de tout faire pour que les actionnaires ne déposent pas de résolution ou ne votent pas telle ou telle résolution externe non approuvée par le Conseil. Et cela vaut dans le cas de Vivendi aussi bien pour la question des droits de vote double que pour le montant du dividende que paiera la société à ses actionnaires... Le conseil est pourtant censé représenter TOUS les actionnaires et pas seulement certains...

Nous avions déjà eu ce type de réaction avec Vivendi il y a dix ans (en déposant une résolution pour supprimer la limitation de droits de vote – qui avait eu plus de 66% de soutien) et plus récemment avec la société TOTAL qui avait refusé l'inscription de notre dépôt de résolution sur les risques associés aux sables bitumineux au Canada. Il est étonnant que des sociétés faisant appel au marché refusent que leurs actionnaires déposent des résolutions qui soient mises au vote et qu'elles considèrent que seul le Conseil peut déposer des résolutions en assemblée générale. Nous nous permettrons de rappeler qu'il est nécessaire de rassembler 0,5% du capital pour déposer une résolution en France ce qui limite le dépôt de multiples résolutions compte tenu des montants financiers en jeu.

Il est urgent que le législateur et le régulateur rappellent aux sociétés cotées en France que le principe de la démocratie actionnariale est de laisser toutes les voix s'exprimer en assemblée générale sous forme de questions écrites, de questions orales ou de résolutions pour que l'ensemble des actionnaires soient informés de ces débats et que, le cas échéant, dans le cas d'une résolution qu'ils puissent se prononcer sur la proposition. Il en est de la vivacité de la démocratie actionnariale.

Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors



Is the single voting right an obstacle to a company’s long-term strategy?


The aim of the Florange Law, in generalising double voting rights for all listed French companies, was to encourage long-term shareholding, which is a principle to which we are attached, as are most institutional investors. The state has adopted this law without concealing its plans to reduce its capital stake in certain companies whilst at the same time maintaining its say at AGM. Although this proposition would appear to be a « good » idea at first glance, it is actually a « bad » one, as it is being applied to all listed companies.

The example of Lafarge highlights how this proposition (the generalisation of double voting rights) is an ill-adapted solution to satisfy shareholder « short-termism ». The two main shareholders hold 47% of the company’s voting rights thanks to their double voting rights and, by agreeing to tender their shares to Holcim, they have effectively obliged the Lafarge management to accept Holcim taking control of the company following negotiations held in 2014 and 2015. It is highly likely that the deal would not have been agreed under the terms proposed in 2015 by Holcim (no longer a « merger of equals » and Bruno Lafont not being appointed CEO) if these two shareholders did not have double voting rights.

The double voting right is primarily a means of control which enables a small group of shareholders to possess sufficient votes to form a majority at the AGM or to wield sufficient weight to derail any resolutions which are not to their liking.

In this respect, the rapid empowerment of Vivendi’s president Vincent Bolloré, who currently owns 12% of the capital, will provide him with almost one third of votes, in view of the usual quorum at Vivendi AGMs, following the rejection by 49% of shareholders of the resolution that we proposed to re-establish single voting rights (as the legislation allows). He will gain de facto control of Vivendi without having to launch a takeover bid and without paying the price by becoming at least a majority holder.

We and other investors have been astonished, in our private or public contacts with Vivendi, by the management’s apparent willingness to dissuade shareholders from filing resolutions or vote against any external resolutions which the Board has not approved. This is the case with Vivendi on the question of double voting rights and also concerning the size of the dividend that the company pays shareholders. The Board is nevertheless meant to represent ALL shareholders rather than just some of them.

We already encountered this type of reaction with Vivendi ten years ago (when we filed a resolution to scrap voting right limitations – which gained the support of 66%) and more recently with TOTAL when the company refused to file our resolution regarding risks incurred by tar-sands in Canada. It is astonishing that some companies which call on the market for their financing prevent their shareholders from filing resolutions to be put to the vote, as they consider that only the Board can file AGM resolutions. It should be highlighted that a 0.5% capital stake is required to file a resolution in France, which limits multiple resolutions given the financial stakes in play.

The legislator and the regulator must urgently remind companies listed in France that the principle of shareholder democracy requires that everyone can voice their opinions at AGM in the form of written or spoken questions, or resolutions so as to inform all shareholders of the issues being debated and that, when necessary, in the event of a resolution, can vote on the proposition. The vitality of shareholder democracy depends on it.

Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors