Toute l'actualité de l'engagement actionnarial par PhiTrust


Notre impact:
- 1450 initiatives privées
- 120 initiatives publiques
- 27 résolutions externes déposées

Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

31 mars 2014

La fusion Lafarge Holcim une fusion entre «Egos» ?

Sur le papier la question parait incongrue. Les premiers éléments communiqués indiquent au contraire que le nouvel ensemble permettra des synergies (lisez des réductions d'effectif) qui renforceront sa position concurrentielle. Dont acte. Mais est-il pertinent que les deux premiers cimentiers mondiaux -et de très loin- fusionnent simplement pour devenir le super leader de leur profession ?
Est-il pertinent pour un cimentier d'être le numéro 1 mondial alors même que ce secteur impose une certaine "cohérence" entre concurrents compte tenu de l'impossibilité actuelle de transporter loin la matière finie qu'est le ciment ?
Est-il pertinent pour une entreprise d’origine franco-belge (Lafarge est né de la fusion avec l'entreprise belge Coppée) de réaliser un mariage "entre égaux" qui la conduise à localiser son siège social en Suisse, en attendant d’y déplacer son état major ?
Est-il pertinent pour les salariés et les clients de Lafarge de voir leur groupe doubler de taille ?
Profiteront-ils de cette fusion ? Difficile au delà d’une certaine taille, de créer de l’affectio societatis : les salariés se considèrent de plus en plus comme des « numéros ». Et puis a-t-on jamais vu une méga fusion effectuée dans leur intérêt comme dans celui des clients ?
Soyons réalistes. Ce type d’opération nourrit d’abord l’Ego des dirigeants, la valeur pour l’actionnaire et… incidemment le porte-monnaie des intermédiaires -banquiers d’affaires, avocats, etc.- chargés de la mener à bien. Qu’on ne s’y trompe pas: telle est son « utilité » première. Pour des sociétés au capital dispersé, il s’agit aussi de se mettre définitivement à l’abri de tout prédateur, compte tenu de leur taille. Nul doute que ces ambitions seront satisfaites. Mais s’assurer une telle domination de son marché est-ce bien raisonnable ? Les géants ont souvent des pieds d’argile.
Est ce une raison suffisante pour créer un ensemble difficilement gérable ? Ne faudrait il pas que les actionnaires demandent plus de détail sur l'intérêt pour toutes les parties salariés, clients et plus précisément sur les détails des commissions financières qui seront versées à tous les intermédiaires ou banques à l'occasion de cette opération ?
L'Allemagne a mis en place des conseils de surveillance ou les salariés ont une forte représentation, ce qui a jusqu'à ce jour empêché de telles opérations transfrontalières... La France quant à elle joue le jeu du marché et de l'internationalisation quitte à voir les centres de décision de ses plus belles entreprises quitter la France.

Et que dirons nous à nos petits enfants si dans quelques années nos plus belles entreprises ne seront plus françaises ?

Olivier de Guerre
 Président de PhiTrust Active Investors 

Is the Lafarge Holcim merger merely a merger of "Egos"?

On paper the question seems incongruous. The first information provided indicates that, on the contrary, the new group will create synergies (read staff reductions) which will increase its competitiveness. Duly noted. However, is it relevant that the world's two leading cement makers - by far - are merging simply in order to become the super leader in their industry?
Is it relevant that a cement maker be number one in the world when the industry itself instils a certain degree of "coherency" in competitors given that it is currently impossible to ship ready cement very far?
Is it relevant that a Franco-Belgian company (Lafarge was born of a merger with the Belgian company Coppée) make a marriage of "equals" that will lead it to locating its head office in Switzerland while waiting to relocate its top management there?
Is it relevant that Lafarge's employees and clients see their group double in size?
Will they benefit from the merger? Beyond a certain size, it's difficult to build affectio societatis: employees increasingly see themselves as "numbers". Has a mega merger ever been carried out in their interest or that of customers?
Let's be real. This type of operation feeds management's Ego, shareholder value and...incidentally, the wallets of intermediaries - investment bankers, lawyers, etc. - responsible for ensuring its success. Let's not delude ourselves: that’s its primary "purpose". For companies with dispersed capital, it's also a way to definitively take cover from all predators, given their size. These ambitions will probably be fulfilled. But is it really reasonable to seek such total domination of one's industry? Giants often have feet of clay.
Is it reason enough to create a group that will be very difficult to manage? Wouldn't it be better for shareholders to ask for more information about the benefits for employees and customers and, more to the point, about the commissions that will be paid to intermediaries and banks to complete the operation?
Germany has put supervisory boards in place on which employees are very well represented. This has prevented this type of cross-border operation to date... France is playing the market and internationalisation game, even though the decision-making centres of its greatest companies may leave the country.
What will we tell our grand-children in a few years if our best companies are no longer French?

Olivier de Guerre
Chairman, PhiTrust Active Investors