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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

31 août 2013

ACCOR, chronique d’une dérive annoncée liée à une mauvaise gouvernance ?

La nomination de Sébastien BAZIN comme PDG du groupe ACCOR est le dernier rebondissement d’une dérive  stratégique et financière qui s’est reflétée dans les problèmes de gouvernance de la société. Rappelez-vous l’entrée  dans ACCOR de Colony Capital (piloté par Sébastien Bazin) sous formes d’obligations convertibles avec un siège au Comité stratégique qui lui donnait les mêmes droits qu’un actionnaire de contrôle sans être actionnaire. Le fonds Colony Capital, spécialiste de l’immobilier aux Etats Unis, entendait dissocier les murs de l’exploitation pour « créer de la valeur » (stratégie réitérée quelques années plus tard chez CARREFOUR avec le succès que l’on connait…).
Comme le capital de la société ACCOR était très dispersé, Eurazeo a rejoint rapidement Colony Capital et ensemble ils ont pris 20% du capital et le contrôle du Conseil d’Administration sans avoir à déclencher d’OPA. Plusieurs changements de gouvernance (dont notamment la démission de six administrateurs…) de PDG à Président  ou de société à Conseil de Surveillance à société à Conseil d’administration; plusieurs changements stratégiques annoncés (arrêtés puis enfin actés avec la mise en bourse d’Edenred , qui se porte très bien avec une stratégie claire et une gouvernance claire…) ont ponctué depuis plusieurs années la vie de cette très belle société née de la vision entrepreneuriale de MM.  Dubrule et Pélisson. Qu'en reste-t- il aujourd’hui, si ce n’est une entreprise percluse de douleurs liées à des changements brutaux de stratégie sans concertation avec les équipes, ce qui ne peut que démotiver l’ensemble du personnel… ?
En tant qu’actionnaires minoritaires, nous avons assisté au spectacle sans pouvoir intervenir, mais le voulions-nous si  tant est que nous le puissions ?  Nous touchons ici la limite de la société avec un capital dilué, « sans actionnaires de référence » ou avec des actionnaires qui ne veulent pas être actif face à d’autres qui veulent prendre le pouvoir sans en payer le prix ; ces derniers ne le font  d’ailleurs que pour obtenir une plus-value financière. Quasiment tous les analystes s’accordaient sur un point : la stratégie de Colony Capital  de dissocier murs et fonds n’était pas la bonne pour Accor… la création d’Edenred  était une idée à court terme mais mettrait à mal Accor sur le plus long terme car ces deux métiers se complétaient aussi bien sur le plan des fonds propres que sur celui du besoin en fonds de roulement… et les brusques changements successifs des dirigeants  ne pouvaient que nuire à  la stratégie à moyen terme de la société et à l’adhésion des équipes …
Chez Carrefour, le Conseil a finalement trouvé son joker, Georges Plassat, grand spécialiste de la distribution et probablement l’un des rares à pouvoir redonner une vraie vision à ce métier de distributeur (s’il n’est pas trop tard). Celui d’Accor  n’a pas pu ou su trouver son joker à l’extérieur et il confie à celui qui est à l’origine des ces multiples impérities, le destin de la société… Quelle responsabilité pour les actionnaires passifs et administrateurs d’Accor qui ont laissé perduré depuis 2005 une situation où la gouvernance ne répondait qu’à l’intérêt de certains actionnaires ou de leurs mandants !  Quel dommage de voir une si belle entreprise se « casser la figure » par virages stratégiques successifs et manque de vision stratégique à long terme !
Cet exemple montre une fois de plus qu’une entreprise ne peut se développer sur une vision purement financière et qu’elle  a besoin d’une stratégie et gouvernance claire sur la durée pour réussir.


Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors