Toute l'actualité de l'engagement actionnarial par PhiTrust


Notre impact:
- 1450 initiatives privées
- 120 initiatives publiques
- 27 résolutions externes déposées

Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

30 avril 2013

Quelle gouvernance pour les entreprises françaises « supranationales » ?



Depuis plusieurs années l’internationalisation de nombreuses entreprises françaises les ont amenées à développer avec succès des stratégies qui leur ont permis d’être parmi les plus performantes de leur catégorie. Plusieurs d’entre elles se retrouvent aujourd’hui dans une situation paradoxale : même si elles sont encore considérées comme françaises, elles sont présentes sur tous les continents et dans de très nombreux pays, aucun d’entre eux ne représentant plus de 10/15 % de leur chiffre d’affaires. Parallèlement leurs actionnaires français représentent au maximum 20 à 25% de leur actionnariat, chiffre en constante diminution, conséquence des politiques menées par les différents gouvernements depuis de nombreuses années.
 
Pou répondre à la demande de leurs salariés et de leurs clients, les équipes de direction sont de plus en plus internationales, certaines entreprises se réclamant de la culture de chaque pays où elles sont implantées : chinoise en Chine, indienne en Inde, américaine aux USA…  et les technologies numériques permettent aujourd’hui de gérer un groupe international, sans être présent,  par téléconférence ( Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider-Electric basé à Hong Kong se qualifie lui-même de  « nomade »). 

Certaines de ces entreprises sans ancrage régional ou national n’ont plus aujourd’hui d’actionnaire important, issu d’un pays ou d’une région. Leurs Conseils d’Administration se tiendront naturellement dans les différents pays ou l’entreprise est implantée (pour mieux connaitre ses enjeux/risques et être proche des clients) et dans un proche avenir les Assemblées Générales se tiendront sur Internet  pour que tous les actionnaires puissent y participer. 

L’entreprise devient alors naturellement supranationale, affranchie des nations et cherchant naturellement à exister dans un univers qui lui soit le plus favorable que ce soit au plan fiscal (ce qui est le cas) ou au plan de gouvernance (ce qui sera le cas demain). Le risque est grand d’une dérive au profit d’un actionnaire minoritaire, de ses dirigeants ou des ses fournisseurs ou clients… Il n’y aura alors que le Conseil d’administration pour agir en tant que contrepouvoir… mais le pourra-t- il ?

D’ailleurs ce mouvement a déjà démarré; pour les investisseurs voire le  législateur, peu importe que la cotation d’une entreprise soit aujourd’hui séparée de son statut ou siège social. Qui se soucie que les droits des actionnaires d’ARCELOR MITTAL  au Luxembourg soient infiniment moindres que les droits des entreprises françaises cotées à Paris ? 

L’Allemagne et la Suisse l’ont bien compris; la première, en imposant un poids important des représentants des salariés dans les conseils d’administration, la seconde, en imposant aux sociétés pour être cotées en Suisse que la moitié des conseils se tiennent en Suisse … Il est urgent que la France et l’Europe fixent des règles simples pour que les entreprises cotées en Europe tiennent leurs Conseils d’Administration en Europe et respectent les règles de meilleure gouvernance pour éviter des dérives qui ,sinon, ne manqueront pas d’arriver.

Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors
olivier.deguerre@phitrust.com