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30 novembre 2012

EADS devrait-il rester coté ?


Les récentes discussions sur la gouvernance d'EADS montrent qu'il est difficile de rapprocher les intérêts des différentes parties prenantes, principalement parce que les États concernés (Allemagne, France et Espagne) ne peuvent se désintéresser d'un groupe dont l'activité est au cœur de leur politique de défense. Et les récentes décisions d'organisation des pouvoirs montrent qu'il est bien difficile de concilier les points de vue, et ce alors même qu'EADS de par son statut juridique (coté aux Pays Bas) a une gouvernance spécifique.

La gouvernance actuelle a d'ailleurs montré ses limites que ce soit au niveau du choix imposé de son Président non exécutif (qui n' a pas brillé par ses compétences...) qu'au niveau d'un projet industriel mené par les dirigeants opérationnels qui aurait privilégié une organisation complexe et de nouveaux liens Etatiques sans avoir préalablement demandé aux États parties prenantes dans EADS si un teĺ schéma était possible...

Pourtant depuis plusieurs années nous interrogeons les dirigeants d'EADS (sans réponse d'ailleurs) sur une autre voie qui permettrait de réconcilier l'intérêt des différentes parties prenantes: plutôt que de laisser EADS en bourse avec la complexité que l'on devine pour éviter que cet outil industriel ne tombe dans l'escarcelle d'un non européen, ne faudrait-il pas retirer de la bourse EADS en cotant simultanément AIRBUS ?

Un tel schéma aurait plusieurs avantages:  il permettrait de coter la filiale AIRBUS qui attirerait immédiatement les investisseurs compte tenu de son positionnement et de ses perspectives. Mais il permettrait à EADS de rester majoritaire ou minoritaire avec la responsabilité du management de la filiale, pouvant ainsi associer des industriels dans des zones importantes pour son développement au capital et à la gouvernance. Il est plus facile par exemple d'associer des chinois à la gouvernance d'AIRBUS qu'à celle d'EADS...

Ce schéma aurait en outre comme avantage majeur de remettre sous le contrôle d'Etats européens le capital et la gouvernance d'EADS et de sa stratégie militaire. En associant des investisseurs européens dans une logique d'entreprise non cotée, EADS serait dans une démarche qui permettrait de tenir compte des impératifs lies à son statut spécifique: être l'un des outils industriels de la politique de défense européenne. Un tel statut ne peut être lié à une démarche de cotation qui implique que les investisseurs ou actionnaires externes puissent avoir un jour le contrôle de la société, impliquant de ce fait des contorsions juridique pour arriver à avoir un "contrôle apparent" tout en ne le disant pas ouvertement...

Ce schéma aurait en plus l'avantage de clarifier les rôles de chacune des parties prenantes au niveau des choix stratégiques, avec plus de distance et de discernement pour le management compte tenu que la gestion d'une entreprise cotée ne répond pas aux mêmes critères de transparence que quand elle ne l'est pas...

Ce schéma aurait enfin la logique de séparer des activités que les investisseurs internationaux socialement responsables ont du mal à garder dans leurs portefeuilles, alors que ce sont des investisseurs de long terme et éviterait de voir un jour trois États européens en situation inconfortable si d'aventure une OPA hostile était lancée sur EADS.

Il est pour nous la voie logique et devrait être au cœur des discussions actuelles sur la gouvernance d'EADS plutôt que la discussion actuelle qui s'apparente plus à celle d'un marchand de tapis.



Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors
olivier.deguerre@phitrust.com