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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

23 novembre 2017

À quoi servent les chartes éthiques ?

Airbus est soupçonné d'avoir organisé des circuits parallèles de financement pour gagner des contrats de vente d'avions ; même si cela n'est pas encore jugé et même si cela ne concernerait qu'une faible partie de l'activité, cela met en exergue une nouvelle fois certaines pratiques contraires à l'éthique des entreprises.

Airbus a pourtant, comme la plupart des grands groupes cotés des pays de l'OCDE, publié une charte éthique qui met en avant des règles de transparence et d'éthique que doivent suivre l'ensemble des collaborateurs. Conscients de la difficulté de les rendre opérationnelles dans des grands groupes mondiaux, avec des collaborateurs aux cultures parfois différentes, certains groupes ont mis en avant des systèmes anonymes de lanceurs d'alertes pour faciliter la remontée d'informations sensibles pouvant mettre en cause la réputation des entreprises elles-mêmes.

La question soulevée par l'affaire Airbus à la suite des précédents comme Alstom pose la question centrale du rôle de la direction générale et du conseil d'administration. Étaient-ils conscients de ces opérations, les ont-ils cautionnées voire organisées ? La justice saura certainement répondre à cette question et il n'est pas de notre ressort de juger par avance qui que ce soit. 

Par contre,  il est du devoir des actionnaires d'interpeller les conseils d'administration sur la cohérence entre la charte éthique et la réalité de certaines pratiques qui semblent avoir été mises en place au sein de l'organisation. Cette question est centrale car si ces faits étaient confirmés, ils amèneraient à considérer que ce type de pratiques n'a pas été remis en cause, malgré la publication d'une charte éthique ; il y aurait là un sujet central pour la gouvernance de l'entreprise. De même, si la pression exercée par les dirigeants pour gagner des contrats a amené certains collaborateurs à accepter des pratiques contestables, il y a une question centrale de pilotage de l'entreprise.

Nous entrons là dans la vie quotidienne des entreprises, où certains sont prêts à toutes les compromissions pour atteindre le but recherché, sans se préoccuper des dégâts potentiellement très importants pour la réputation de l'entreprise et donc pour sa survie à terme. Cette question de réputation est centrale dans la définition d'une charte éthique au sein d'une entreprise. Pour avoir oublié cette « évidence », Arthur Andersen et Enron n'existent plus, et ce alors même que la plupart des collaborateurs n'ont à aucun moment été impliqués... Il serait dommage que de grands groupes se retrouvent dans une situation équivalente parce que la charte éthique n'a pas été respectée...

Nous avons été étonnés de découvrir que dans beaucoup d'entreprises, il n'y avait pas eu de débat au sein du conseil d'administration sur les chartes éthiques publiées ni sur des règles à mettre en place au sein de l'entreprise, alors même que cela pouvait avoir un impact sur les ventes, les achats... Il nous semble urgent que tous les conseils d'administration s'emparent de cette thématique et définissent un code, une charte qui réponde à l'objectif recherché, tout en s'assurant qu'elle tient compte de la réalité de l'entreprise, afin de ne pas se retrouver « écartelé » entre une réalité malheureusement bien concrète et une charte inapplicable.

Les actionnaires ont un rôle à jouer pour accompagner les entreprises vers plus d'éthique, de transparence, même si le processus pour s'assurer que l'ensemble des collaborateurs y adhèrent est long et parfois semé d'embûches !




PS : l'affaire Alstom et la condamnation du directeur Asie, licencié par la société alors qu'il avait plaidé coupable, doit tous nous interpeller car il est le seul à avoir été condamné... 


Olivier de Guerre
Phitrust

26 octobre 2017

What is our role as shareholders?

Alstom has announced with Siemens a reserved capital increase that will give Siemens 50% control. No public tender offer will be required, since the price is 13% above the last stock market price. 

Although there had been rumours, surprise surprise, Serge Tchuruk and Patrick Kron had always refused such an alliance when the Alstom Group was doing much better... The announcement of the sale of the railway business to Siemens comes just as one of the executives for the Asia region, Frederic Pierucci, previously indicted and imprisoned in the US, has been sentenced to 30 months in prison, without this happening to other directors.

It is true that Alstom’s directors successfully managed to sell the power and grids business to General Electric when there was a strong suspicion that they would be indicted in the US for bribery. A few years ago, we warned Alstom’s general management of the risks associated with investigations into bribery, particularly on certain emerging markets, warnings that were dismissed by Patrick Kron, who did not acknowledge these facts...

Paradoxically, Mediapart’s revelations about the family links between one of the heads of the US law firm that defended Alstom and the CEO of General Electric did not call the operation into question, necessary as it was “for the survival of Alstom and jobs in France”... 

Two days before the Alstom shareholders’ meeting, during which the shareholders voted on the sale of this business to General Electric, it was specified that the fine of USD 772 million would be paid by Alstom and not by General Electric, with a deduction of this amount from Alstom’s equity in the rail sector. For all that, the shareholders’ meeting  went ahead, even though most all the shareholders had voted before this announcement.

At the time, the board of directors, the directors of Alstom and notably its CEO Henri Poupart-Lafarge (son of the former finance director of Bouygues, an Alstom shareholder) argued that specialisation in the railway business sector was a necessity and that Alstom could grow alone, given its order backlog and expertise... How can we analyse this strategic error, which numerous analysts (including Phitrust) identified? Or rather, how can the succession of events that led to all Alstom’s activities being sold to foreign competitors be interpreted?

First of all, Serge Tchuruk’s desire to develop a “fab-less” company prompted him at the beginning of the 2000s to sell a real nugget (submarine cables, which became Nexans), then to separate Alcatel’s business from that of Alsth0om, because, according to analysts, conglomerates were under-valued.

Fears of a hefty fine following bribery scandals and the possible indictment of Alstom directors probably led to the sale of the power and grids business to General Electric, especially as this came at the same time as the staggering fine imposed on BNP Paribas. This decision was taken without any true consideration of the highly fragile nature of the railways division, a cyclical industry that is highly dependent on public procurement. Unfortunately, what happened next was what necessarily happens to an industrial model based on only one business that no longer has the resources to make its presence felt, particularly in the face of Chinese competition (to which the technology had been sold a few years before, without thinking that these customers would one day become competitors...)

The shareholders now only have two choices in response to the proposal that has been made to them:

  • to accept or reject the proposed transaction: the directors and the state (indispensable as the ordering client) believe that there is no other means of preserving industrial capacity in France and that a European solution is preferable to any other. But the price of the transaction (+13%/ stock market price) is way below that seen in mergers that have offered premiums of 30% or 50% above the market price, representing a loss of earnings of €800 million for existing shareholders, taking the proposed dilution into account.
  • to seek accountability for this strategic debacle and the sale of the power and grids business to General Electric at a price €800 million below that announced to the shareholders prior to the transaction being concluded.


This operation will lead to industrial restructuring and job losses... because the two companies, Siemens and Alstom,will be unable to keep their different production facilities and technologies unchanged. It would be strange, to say the least, if the former directors were not answerable for the decisions that led to the sale of all activities to competitors. Especially since during the period when they managed the company, their variable remuneration was substantial following the economic and financial performance, not to mention their severance packages (more than €4 million for Patrick Kron) and top-up pensions paid for by the company...

Today, investors talk about responsible investment, and it is high time they acted together to hold to account the directors that implemented these strategies, destroying value and threatening the future of the companies they managed. This is true for Alstom today, but it is equally true for other companies that we can recall all too easily.

Have you talked about Responsible Investment?


Olivier de Guerre
Phitrust